Pierre Wolff

Pierre Wolff

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[…] Le 29 mai 1944, les deux enfants [Bernard Duval et Pierre Wolff] jouent dans la cour. Une Citroën traction avant (la Gestapo ?) s’arrête devant le bâtiment. Un officier allemand en sort et rentre violemment. Il regarde les deux enfants et bondit sur les marches de l’entrée/du pallier. Le seul appartement présent à cet endroit est celui de la famille Wolff. L’officier tambourine à la porte. Mme Wolff ouvre et l’officier lui assène une gifle très violente. La mère pousse un cri d’horreur et l’officier allemand lui hurle qu’il faut partir immédiatement. Il se tourne alors vers les deux enfants et empoigne Bernard Duval, et le tire vers le portail. A ce moment, le facteur qui passait interpelle l’officier et lui dit qu’il ne fait pas partie de la famille Wolff. Par pur hasard il a sur lui une lettre du père de Bernard Duval, alors en Allemagne. Il la montre à l’officier qui lâche Bernard Duval et s’empare de Pierre Wolff. Bernard Duval se souvient voir Pierre et Mme Wolff être embarqués dans la voiture avec quasiment aucune affaire à la main. Avec le recul, il se demande si l’officier n’était pas Klaus Barbie. Durant l’évènement, le frère aîné [François] Wolff rentre des courses par une petite porte qui communique avec le palier. Il assiste à la scène et veut entrer. Cependant, une vieille voisine se penche à une fenêtre et lui fait signe de partir. Il fuit et plus personne ne l’a jamais revu […]

Témoignage de Bernard Duval, camarade de Pierre Wolff, recueilli par Antoine Ehrhart, petit fils de Jeanne Ehrhart (août 2021).

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Pierre WOLFF

Pierre WOLFF est né le 16/01/1936 à Strasbourg en France.

Rassemblé à Lyon, il est déporté à Auschwitz le 30/06/1944 par le convoi n°76. Un questionnaire de recherche a été rempli après guerre (15/03/1945) par Fernand Dreyfus (Source: CHRD, APAFFIDA (l’Association des parents et amis des familles françaises israélites). Il est mort en déportation.

Dernière adresse connue : 11, rue de Boissac 69002 (Lyon)

École fréquentée : Lycée Ampère - Bourse (Lyon) 1941-1942

  • Nom : WOLFF

  • Prénom(s) : Pierre

  • Date naissance : 16/01/1936

  • Âge (ans) : 8

  • Lieu naissance : Strasbourg

  • Pays ou département : Bas-rhin

  • Lieu rassemblement : Lyon

  • Dernière adresse : 11, rue de Boissac

  • Ville : Lyon

  • Code postal : 69002

  • N° Convoi : 76

  • Date déportation : 30/06/1944

  • Informations diverses : Fils d’Alice Wolff née Dreyfus (née le 05/05/1902 à Mulhouse) et de Manuel Wolff (né le 02/11/1882 à Lingolsheim). Les parents se sont mariés le 19 janvier 1926 à Mulhouse (Source: A. Ehrhart). La famille habitait à Strasbourg (4 quai Koch). Ils se réfugient à Lyon sans doute en 1941 et habitent au rez-de-chaussée du 11, rue de Boissac (Lyon 2ème). Pierre était élève au Lycée Ampère Saxe à Lyon, en classe de 11ème (1941-42), dans la classe de Mlle Lafarge au lycée Ampère Saxe, Annexe-Ampère Bourse (149 avenue de Saxe) avec ses camarades Jean Pierre Vignat et Jeanne Ehrhart (témoignage de J.P Vignat et de J. Ehrhart, recueilli par A. Ehrhart).

  • Le malheur veut qu’au 11, rue Boissac habite également la mère d’Antonin Saunier alias Tony, membre du PPF et “chasseur de Juifs”, et dont l’appartement tient lieu de rendez-vous des collaborationnistes lyonnais. Alice Wolff ignorant les activités de Mme Saunier, l’aurait fait rentrée dans son vestibule. Quarante-huit heures plus tard, c’est sans aucun doute elle qui a dénoncé à son fils la famille Wolff (S. Altar & R. Le Mer, Le spectre de la terreur, 2020, Ed. Tiresias). Pierre et sa mère sont arrêtés le 29/05/1944 à leur domicile (témoignage de M. Duval, camarade de Pierre, témoin de leur arrestation). Pierre, 8 ans est séparé de sa mère qui est internée à la prison Montluc. Comme les enfants de moins de 14 ans, il est interné à l’Hôpital de l’ Antiquaille du 30/05/1944 au 19/06/1944 (Cahier de Madame Cahen). Son père Manuel est sans doute arrêté entretemps. Ils sont transférés à Drancy le 21/06/1944 et déportés ensemble par le convoi 76 du 30/06/1944. Ils sont morts en déportation. Un questionnaire de recherche a été rempli après guerre (15/03/1945) par Fernand Dreyfus (Source: CHRD, APAFFIDA (Association des parents et amis des familles françaises israélites déportées en Allemagne). (nb. le père d’Alice se nommait Ferdinand Dreyfus).

  • Pierre avait un frère ainé, François Wolff (né le 27/08/1927 à Strasbourg) qui ne sera pas déporté.

  • Témoignage de Bernard Duval, camarade de Pierre Wolff et témoin de son arrestation (recueilli par Antoine Ehrhart en août 2021): “Monsieur Duval était au sixième étage [du 11, rue de Boissac]. Pierre Wolff résidait au rez-de-chaussée du 11 rue de Boissac en compagnie de son frère aîné (environ 15 ans), de son père et de sa mère. Le prénom du père et du frère ne sont pas connus. Âgé de 11 ans et demi, il avait 6 ans d’écart avec grand-mère [Jeanne Ehrhart], mais ils étaient en classe ensemble. Plus fort et plus grand que ses camarades de classe du fait de la différence d’âge avec ses camarades de classe, il était néanmoins en retard au niveau scolaire. Lui et Monsieur Duval jouaient ensemble sur la place Bellecour et dans la cour du bâtiment. Les deux enfants jouaient souvent ensemble au rez-de-chaussée, sur l’escalier qui donnait sur la cour. Ils jouaient généralement au soldats le matin. Le 29 mai 1944, les deux enfants jouent dans la cour.  Une Citroën traction avant (la Gestapo ?) s’arrête devant le bâtiment. Un officier allemand en sort et rentre violemment. Il regarde les deux enfants et bondit sur les marches de l’entrée/du pallier. Le seul appartement présent à cet endroit est celui de la famille Wolff. L’officier tambourine à la porte. Mme Wolff ouvre et l’officier lui assène une gifle très violente. La mère pousse un cri d’horreur et l’officier allemand lui hurle qu’il faut partir immédiatement. Il se tourne alors vers les deux enfants et empoigne Bernard Duval, et le tire vers le portail. A ce moment, le facteur qui passait interpelle l’officier et lui dit qu’il ne fait pas partie de la famille Wolff. Par pur hasard il a sur lui une lettre du père de Bernard Duval, alors en Allemagne. Il la montre à l’officier qui lâche Bernard Duval et s’empare de Pierre Wolff. Bernard Duval se souvient voir Pierre et Mme Wolff être embarqués dans la voiture avec quasiment aucunes affaires à la main. Avec le recul, il se demande si l’officier n’était pas Klaus Barbie. Durant l’évènement, le frère aîné [François] Wolff rentre des courses par une petite porte qui communique avec le palier. Il assiste à la scène et veut entrer. Cependant, une vieille voisine se penche à une fenêtre et lui fait signe de partir. Il fuit et plus personne ne l’a jamais revu. A-t il été sauvé ou raflé plus tard ? Monsieur Duval pense qu’il est possible qu’il soit revenu au 11 rue de Boissac après la guerre. Il évoque cette rafle comme un évènement très rapide et violent. Jusqu’à ce jour ils ne se sentaient pas en danger, même si en tant qu’enfant il ne se souvient pas avoir eu réellement peur et conscience de ce qu’il se passait.  Bernard Duval décrit Pierre Wolff comme un enfant gentil, calme, charmant, pas bagarreur et facile à vivre. Il garde de lui un bon souvenir malgré leurs 3 années de différence. Ils se voyaient tous les jours dehors mais rarement l’un chez l’autre, si bien qu’ils considéraient l’immeuble « à eux ». Il parle de Mme Wolff comme d’une femme adorable. Monsieur [Manuel] Wolff était en revanche un petit monsieur effacé qu’il n’a vu que 2 ou 3 fois.

  • Témoignage de M. Jean Pierre Vignat, camarade de classe de Pierre Wolff (recueilli par Antoine Ehrhart en février 2021) : “J.P Vignat situe le domicile des Wolff au rez-de-chaussée du 4 rue de Boissac [en fait 11, rue de Boissac], dans un appartement d’environ 4 pièces de type concierge. Ils rentrent, lui, Pierre Wolff et grand-mère [Jeanne Ehrhart], en classe de 11e au mois de septembre 1942. Ils sont dans la classe de Mlle Lafarge au lycée Annexe-Ampère. Mr Vignat résidait rue Salat à une centaine de mètres de chez les Wolff. Selon lui, Pierre Wolff habitait avec sa grand-mère, ou du moins, une dame qui se faisait passer pour elle. Il ne savait pas où étaient les parents et personne n’en parlait. Les 2 garçons rentraient ensemble et Pierre Wolff venait souvent jouer et goûter chez les Vignat. Il est plusieurs fois allé jouer chez les Wolff. Il décrit le jeune Wolff le la manière suivante : « morpho type-judaïque », des cheveux frisés et le teint très mat. Pas très grand de taille, il avait les yeux bruns et très foncés. Il ne parlait jamais de religion et détestait les Allemands dont il parlait comme du diable. Pierre Wolff aimait beaucoup jouer aux gendarmes et aux voleurs, mais il ne voulait jamais avoir le rôle du voleur. Vignat et Wolff avaient déjà faits les classes de 9e et 10e ensembles. Durant leur temps de scolarité commune il ne se souvient d’aucune réflexion sur les juifs, etc. Pierre Wolff et les frères Cohen (qui ont survécu) ne portaient pas l’étoile jaune. A l’époque, les enfants ne comprenaient rien aux évènements. Ils ne savaient rien de ce que sont les juifs, ni de pourquoi les persécutions. La première à lui apprendre la disparition de Pierre Wolff est la concierge de son immeuble. Il pense d’ailleurs qu’il a été dénoncé, victime des ragots des concierges. En effet, il n’avait pas de raison d’être trouvé.  C’est par sa grand-mère que Vignat a appris le sort de Pierre Wolff.

  • Wolff (Pierre), né le 16 janvier 1936 à Strasbourg (Bas-Rhin), décédé le 4 juillet 1944 à Auschwitz (Allemagne). JO

  • Wolff, née Dreyfus (Alice) le 5 mai 1902 à Mulhouse (Haut-Rhin), décédée le 4 juillet 1944 à Auschwitz (Allemagne). Wolff (Manuel), né le 2 novembre 1882 à Lingolsheim (Bas-Rhin), décédé le 4 juillet 1944 à Auschwitz (Allemagne).

  • Lieu de déportation : Auschwitz

  • Lieu de départ : Drancy

  • Nombre total de déporté·e·s du convoi : 1100

  • Gazé·e·s à l'arrivée : 479 (43,5 %)

  • Survivant·e·s en 1945 : 182 (16,5 %)